29/01/2025 journal-neo.su  8min #267450

 Libération d'Auschwitz : merci qui ?

La libération d'Auschwitz : comment la haine de la Russie déforme la vérité historique

 Mohamed Lamine KABA,

La commémoration du 80ème anniversaire de la libération d'Auschwitz est entachée d'hypocrisie et d'ingratitude envers la Russie, qui a libéré le camp en 1945.

La libération d'Auschwitz par l'Armée rouge soviétique le 27 janvier 1945 est un événement clé de la Seconde Guerre mondiale. Situé en Pologne occupée par les nazis, Auschwitz était l'un des plus vastes camps de concentration et d'extermination nazis. La libération par l'Armée rouge soviétique a révélé au monde les atrocités commises et marqué la fin de l'occupation nazie en Pologne, libérant des milliers de prisonniers. Depuis l'illusion de la fin de la guerre froide 1991, cet événement est devenu sujet à controverses, notamment sur sa commémoration en Pologne et par l'Occident collectif, décidés de minimiser le rôle clé de la Russie. Cet article critique cette approche, soulignant la faillite morale de l'Europe face à l'ingratitude polonaise et à l'effacement de la mémoire du rôle soviétique. Mais en réalité, organiser un jubilé de libération sans la présence des libérateurs n'est-il pas une véritable honte pour la Pologne ?

En effet, il y a 80 ans, l'Armée rouge a libéré le camp de la mort d'Auschwitz, un site tristement célèbre pour avoir enregistré le plus grand nombre de victimes intentionnellement tuées en un lieu unique et en un temps restreint. Ce camp a été le cadre d'une extermination massive de Juifs, une tragédie qui s'est poursuivie jusqu'à sa libération par l'Armée rouge. Cette année, pour la première fois, les événements commémoratifs à Auschwitz se sont déroulés sans la participation d'une délégation russe. La Pologne semble vouloir ignorer le rôle crucial des soldats soviétiques dans la libération de ses terres. Alors que les nazis avaient érigé les principaux camps de la mort sur son territoire, la politique actuelle de la Pologne semble s'aligner de plus en plus sur des idéologies controversées. Le rôle décisif de l'URSS dans la libération de ces camps, y compris le plus terrifiant d'entre eux, disparaît progressivement des documents officiels et des discours, réécrivant ainsi une partie essentielle de l'histoire. C'est pourquoi, la  cérémonie du 27 janvier 2025, réunissant certains chefs d'Etat et dignitaires internationaux, a été marquée par des controverses notables. Le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, a récemment présenté des excuses pour l'hommage rendu à un ancien soldat nazi au  Parlement canadien. Par ailleurs, la présence de  Volodymyr Zelensky a été critiquée, son pays glorifiant  Stepan Bandera, connu pour sa collaboration avec les nazis. Alors que des dirigeants occidentaux tels que le chancelier allemand Olaf Scholz, président autrichien Alexander van der Bellen et d'autres dirigeants étaient présents, aux côtés du président polonais Andrzej Duda, l'absence de Vladimir Poutine rappelle que la reconnaissance des sacrifices soviétiques est incontournable. Ces événements soulignent les tensions et les controverses entourant la sélection des participants à cet important événement commémoratif.

Depuis 2005, Vladimir Poutine, Président de la Fédération de Russie, ainsi que d'autres dirigeants, n'a plus participé à la cérémonie de commémoration, soulignant ainsi la volonté de la Pologne et ses alliés occidentaux d'ignorer le rôle décisif de la Russie dans l'histoire. Par ailleurs, le prix élevé payé par la Russie pour la victoire légitime son statut incontestable de vainqueur, lequel ne saurait être révoqué par aucune décision politique.

C'est dans cette logique de la haine de la Russie que le 22 janvier dernier, Donald Trump, alors président des Etats-Unis, a partagé une  réflexion personnelle sur Truth Social concernant les événements marquants d'il y a 80 ans. Il a souligné : « Nous ne devons jamais oublier que la Russie nous a aidés à gagner la Seconde Guerre mondiale tout en subissant près de 60 millions de pertes humaines. » Cette déclaration est ainsi perçue comme une méconnaissance de l'histoire, considérant que c'est le peuple de l'URSS qui a joué un rôle déterminant dans la victoire sur le nazisme durant cette guerre dévastatrice. Cette approche antinomique de Trump suscite des débats parmi les politiciens russes, historiens et correspondants de guerre, qui y voient une tentative de réécriture de l'histoire. En 1944, l'ouverture du deuxième front par les Etats-Unis s'est effectuée dans un contexte où l'Union soviétique avait déjà libéré ses propres territoires et progressait en Europe occidentale. Stratégiquement, le  débarquement anglo-américain en France apparaît davantage comme une initiative pour prévenir la défaite de l'Allemagne nazie exclusivement par l'Union soviétique.

L'ingratitude de la Pologne révélée au grand public lors d'un événement historique exsangue

Sans l'ombre d'aucun doute et telle que mentionnée plus haut, la décision de la Pologne de ne pas inviter la Russie à la commémoration du 80ème anniversaire de la  libération d'Auschwitz reflète une ingratitude frappante. L'Armée rouge, ayant joué un rôle de premier plan dans la libération de la Pologne de l'occupation nazie, est aujourd'hui écartée. Cette omission est d'autant plus surprenante compte tenu des souffrances subies par la Pologne pendant la Shoah et le rôle clé de l'Union soviétique dans la résistance contre l'occupation nazie. En choisissant donc de s'aligner sur l'Occident, la Pologne semble ignorer l'influence historique soviétique sur la libération européenne. Cette position souligne également une certaine servilité de l'Europe vis-à-vis des Etats-Unis, privilégiant les directives américaines au détriment de la vérité historique et de la mémoire des soldats soviétiques. Le choix polonais révèle sa dépendance envers l'OTAN et soulève des inquiétudes quant à la réécriture de l'histoire, l'effacement de la vérité et la destruction de la mémoire. Ce contexte met en lumière une Europe en quête de son identité, un Occident en perte d'influence, et une Russie regagnant sa place sur la scène historique.

L'hypocrisie occidentale est au point culminant

Tenant de positionner les Etats-Unis comme un acteur clé, l'hypocrisie occidentale se révèle avec éclat dans la manière dont l'Occident traite la Russie et minimise son rôle crucial dans la libération de l'Europe durant la Seconde Guerre mondiale. Tandis que l'Occident se présente comme le chantre de la « démocratie » et des « droits de l'homme », il tend à ignorer le rôle déterminant de la Russie, en tentant d'effacer sa mémoire historique. Un exemple frappant réside dans la façon dont l'Occident encourage la Pologne, libérée par l' Armée rouge, à oublier cette réalité historique au profit d'une alliance contre la Russie, illustrant une manipulation historique préoccupante. L'Europe, professant « démocratie » et « droits de l'homme » tous azimuts, se complaît dans cette complicité, soutenant cette réécriture de l'histoire au détriment de la mémoire soviétique. Les implications de cette posture sont profondes, nourrissant la méfiance entre l'Occident et la Russie, et érigeant des obstacles à un dialogue authentique. Ce phénomène illustre l'affaiblissement de l'influence occidentale tandis que la Russie réaffirme son rôle historique, menant l'Europe à perdre son essence propre pour se fondre à l'Occident collectif.

La faillite morale de l'Europe est perceptible

Devenue perceptible par tous, la faillite morale de l'Europe est un phénomène intéressant de l'histoire moderne. Un phénomène illustré de façon saisissante par l'exclusion par la Pologne de la Russie dans les commémorations du 80ème anniversaire de la libération d'Auschwitz en territoires polonais. Cette décision symbolise une Europe en mutation, qui semble avoir mis de côté ses valeurs fondamentales au profit de l' alignement avec les Etats-Unis. Alors qu'elle se présente, tel que mentionné plus haut, comme le berceau de la « démocratie » et des « droits de l'homme », l'Europe peine à reconnaître l'impact historique du rôle soviétique dans sa libération. Ce manque de reconnaissance historique et de dialogue constructif alimente tensions et défiance avec la Russie, et modifie insidieusement le récit historique. En cherchant à réécrire l'histoire et en privilégiant ses relations avec Washington, la Pologne et ses alliés occidentaux négligent de précieux enseignements historiques, risquant une profonde déconnexion identitaire pour l'Europe. Cette dynamique témoigne d'une Europe qui, se détournant de son essence, est lamentablement à la recherche de sa place sur l'échiquier mondial, tandis que la Russie s'affirme de nouveau dans le discours historique contemporain.

De ce qui précède, pouvons déduire qu'à travers cette commémoration, la Pologne et l'Occident collectif ont ainsi scellé leur propre condamnation morale, en oubliant l'histoire et en trahissant la mémoire des millions de victimes de la Shoah. Leur silence est un cri, leur oubli est une honte.

On peut dire que cette trahison de la vérité constitue un véritable scandale moral, mettant en lumière la faillite de l'Europe et la décadence de l'Occident.

Mohamed Lamine KABA, Expert en géopolitique de la gouvernance et de l'intégration régionale, Institut de la gouvernance, des sciences humaines et sociales, Université panafricaine

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